Des caribous au pays du couscous

Mon journal du Ramadan, le mois sacré

Depuis quelques jours pour ne pas dire quelques semaines, on sentait une certaine fébrilité dans les rues et dans les marchés. Les ménagères s'empressent de terminer leurs emplettes pour ne manquer de rien pour leurs préparatifs. Des tonnes de dattes sont apparus aux étals  des marchés; les djellabas et les caftans irisent des couleurs de l'arc en ciel la foule deTakkadoum.  

            

 

Premier jour du Ramadan

 

Et depuis vendredi, avec l'apparition du croissant de lune, les musulmans du monde entier sont entrés dans le mois du Ramadan. Un mois de jeune et de prières mais aussi de rencontres familiales selon les régions.

Pour ce premier jour les tambours ce sont mis à jouer en pleine nuit et le lendemain matin la ville  de Chefchaouen comme la plupart des villes du royaume tombait dans l'apathie. Seuls les restaurants pour touristes avaient ouverts leurs portes. Une chance pour nous qui avons pu avaler notre café du matin. Par contre tout au long de la route vers Rabat, il n'y avait ni restau ni café d'ouvert...

Au moment de rompre le jeune, à l'heure du ftour, le canon tonne et à ce moment on n'entend plus aucun bruit dans la ville. Ce silence est très impressionnant. Mais après la vie nocturne bat son plein en cette période. Les magasins restent souvent ouverts longtemps et nombre de familles se promènent jusqu'à tard dans la nuit en faisant du lèche-vitrines et s'attablent aux terrasses des cafés (cela dépend de la saison et de la température !). A Casablanca, la Corniche regorge de monde et dans les cafés on voit souvent des hommes jouer aux cartes entre amis. L'ambiance est festive, même en pleine semaine.

Les gens portent souvent des tenues traditionnelles à cette période. Beaucoup de femmes se font préparer des tenues à l'avance puisqu'il faut sortir souvent. Elles sont tentées de ne pas porter la même tenue deux fois et pour être à la mode il faut connaître les couturières qui proposent les modèles dernier cri. Aujourd'hui, de nombreuses boutiques proposent des coupes alliant tradition et modernité, plus pratiques et dans des matériaux divers.

Le budget de cette période, vous l'aurez compris, est relativement élevé. Cette année, le Ramadan tombe 10 jours après la rentrée scolaire et certaines familles modestes seront certainement dans l'embarras. On dépense beaucoup car on reçoit plus, on offre une variété de plats plus large, et on s'habille bien.

  

 

3 jours plus tard

Dans le bureau ou je travaille c'est l'apathie générale. Il n'y a pas d'ambiance et les gens se trainent. Même si j'ai pris un petit dejeuner , rendue à midi ma concentration diminue et je sens mon cerveau moins disponible. Sans faire le ramadan au sens strict, j'accompagne mes collégues et évite de manger ou boire en leur présence. Je trouve qu c'est une marque de respect pour leur religion.

Vers le milieu de l'apres-midi on commence à sentir les effluves de Harira dans les rues de la ville. Il ne faut pas oublier que c'est un gros mois de travail pour les femmes qui passent beaucoup de temps dans la cuisine sans pouvoir rien gouter! Elles préparent une ultitude de petits plats et de gateaux pour le ftour au coucher du soleil.

 

 

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Une semaine plus tard

L'énervement monte d'un cran. Les chauffeurs de taxi restent muets pendant le trajet; les vendeurs de la medina s'énervent plus souvent qu'à l'habitude; des gens timides se fachent. Qu'est-ce que ca va être dans un mois?

A Agdal, le quartier ou je travaille se trouve les magasins branchés et les resarurants et cafés. En ce moment prsque tous les restos et cafés sont fermés et les rues désertes. Par contre à partir de 3 heures (heure  de fermeture des bureaux) les rues s'animent avec des embouteillages monstrueux.

 Avenue de France - Rabat

 

                                      Notre ftour

           

 

Dimanche à la plage

Lorsque nous sommes venus sur la plage des nations en juillet et aout, elle était noire de monde, un raz de marée de parasols multicolores avec des vendeurs de glaces et de harchas tartinées de vache-qui rit arrosées de thé à la menthe, des gargotes dans les dunes.

Par ce beau dimanche après-midi, deuxième du ramadan 2007, il n'y a pas un chat. Quelques étrangers, et des jeunes qui jouent au foot pour tromper l'attente.

 

Nous sommes à la mi-temps du Ramadan, une certaine habitude s'installe. Au bureau tout est très calme. Le travail se fait mais au ralenti. Certains baillent et tombent de fatigue en reconnaissant qu'ils ne dorment pas assez. Après la rupture de jeune  et la prière de 20 heures à la mosquée les gens vont sortir en ville, se promener, magasiner, recevoir la famille avant de reprendre un repas. Tout le monde se couche tard et le réveil sonne vers 2 h 30 le matin pour le dernier repas. Dans notre quartier, il y a un joueur de tambour qui passe toutes les nuits pour réveiller les gens.

 

J'ai terminé le Ramadan  à Azrou en mission. Etant en compagnie de collègues marocains, j'ai trouvé plus respectueux de les accompagner, sauf pour le petit déjeuner. Etant donné que je ne suis pas habituée et que je conduisais il valait mieux que j'ingurgite quand même un peu de combustible pour la journée. Ce n'est vraiment pas facile et il faut la foi pour supporter les privations. Dans les douars les femmes étaient toutes genées de ne pas pouvoir nous ofrir un thé et quelque chose à grignoter. Nous sommes parfois repartis avec un bon pain chaud  pour le ftour.

Un soir avec un collègue marocain nous sommes arrivés à l'hotel aux alentours de l'heure fatidique. L'hotelier ne préparant les repas que sur commande a tout de même partagé le ftour famiial avec nous.

Pendant cette période, dans mon entourage, je n'ai senti aucun fanatisme ni extremisme, mais beaucoup de ferveur et de joie. Les gens sont heureux de partager a la nuit tombée et de se retrouver en famille. Alors que la torpeur règne sur les villes en journée, la nuit fait place à une ébullition. C'est un peu comme nos fêtes de fin d'année mais sans le coté commercial. Quoique on sent les prémices de la consommation arriver dans les centres commerciaux qui multiplient les offres spéciales et la radio diffuse à longueur de journée les bonnes affaires du Ramadan.

 

Le mois de Ramadân


Pour les musulmans, Ramadân - de l'arabe ramida chaleur et sécheresse intenses -, le neuvième mois de l'année islamique, est le plus important de tous car :
- c'est en ce mois de l'an 1 de l'Hégire que Dieu révéla les préceptes de l'islam au Prophète Mahomet : les feuilles d'Ibrahim durant la nuit du 1er Ramadân, la Thora la nuit du 6 Ramadân et le Coran pendant la nuit du destin, Laylat al-Qadr, le 27 Ramadân ;
- pendant ce mois, les portes du paradis sont ouvertes, les portes de l'enfer fermées et les démons enchaînés et, chaque nuit, Dieu affranchit des gens de l'enfer ;
- Ramadân comprend beaucoup d'actions de dévotion qui lui sont propres : le jeûne, les prières nocturnes, la distribution des nourritures, la retraite pieuse, l'aumône et la lecture du Coran, en particulier pendant les dix derniers jours de Ramadân et pendant la nuit du destin.

Pour profiter pleinement de cette récompense divine, le jeûne pratiqué doit être un jeûne complet et sincère et ne consiste pas seulement à se priver de nourriture, de boissons ou de relations intimes : il doit s'appuyer sur l'examen de conscience du croyant, sur son repentir et sur son imploration pour obtenir le pardon de Dieu.

Les trois jours suivant le mois de Ramadân sont des jours de fête : l'Aïd-al-Fitr, fête de la fin du jeûne.

Le jeûne de Ramadân
Pendant Ramadân, chaque musulman se doit de pratiquer le jeûne de sa langue, sa vue, son ouie et de son corps, et en particulier :
- tenir sa langue afin qu'elle ne profère pas de paroles interdites vaines ou mauvaises,
- préserver sa vue de regards pleins de désirs,
- se préserver d'écouter la mécréance ou la médisance,
- maîtriser son corps afin qu'il n'assouvisse pas ses désirs ou transgresse les ordres divins, donner les biens auxquels ce corps est trop lié, ne toucher que les choses qui plaisent à Dieu et s'interdire les gestes grossiers, persécuteurs ou injustes, ne se rendre que dans les endroits qui plaisent à Dieu et ne manger et ne pratiquer de rapports sexuels licites qu'entre le coucher et le lever du soleil.

Ce jeûne est l'un des 5 "piliers" de la religion musulmane qui doivent être respectés par toute personne responsable, pubère, saine d'esprit et ayant entendu l'appel de l'islam :
- le premier pilier, la chahada, est l'attestation de foi de la croyance en Dieu et de la prophétie de Mahomet,
- le second comprend les cinq prières quotidiennes,
- le troisième est la zakat, aumône aux plus pauvres dans des proportions prescrites,
- le quatrième est le jeûne de Ramadân,
- et le cinquième le pèlerinage à La Mecque, au moins une fois dans sa vie, si le croyant ou la croyante en a les moyens physiques et matériels.

Les repas de Ramadân
Pendant le mois de Ramadân, les musulmans servent un repas avant l'aube, le sahur ou shour, et un second après le coucher du soleil, l'iftar ou ftour, pris à la mosquée ou en compagnie de ses proches.



15/09/2007
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