RAMADAN - Le Maroc au ralenti pendant trente jours
vendredi 14 septembre 2007 | |
Dès aujourd'hui, le Maroc va vivre à l'heure de Ramadan. Pendant trente jours, le Royaume sera plongé dans une torpeur diurne qui se réveillera au coucher du soleil après la rupture du jeûne, le F'tour Le Ramadan donne lieu à de grands raouts familiaux, avec des dîners très copieux et caloriques (photo LPJ Casablanca). Pour les musulmans, le mois de Ramadan est synonyme de jeûne entre le lever et le coucher du soleil. Il est interdit de manger, de boire, de fumer, d'avoir des relations sexuelles dans la journée. Le Ramadan constitue le quatrième des cinq piliers de l'Islam. Le mois Sacré dure trente jours.Il a des répercussions sur l'activité économique et sociale du pays. Ce dernier vit au ralenti durant la journée, avec des horaires de travail adaptées dans toutes les entreprises, en général de 9 h à 15 ou 16 heures, en journée continue. La semaine de travail habituellement de 44 heures, est ainsi réduite à 33 heures en moyenne pendant trente jours. A la rupture du jeûne, dès le début du coucher du soleil, vers 18 heures ici, l'activité reprend son rythme normal, avec le F'tour, qui est une forme de libération pour les "jeûneurs" qui sont autorisés à manger souvent en famille, boire et autre... A Casablanca, l'après F'tour, est un moment surprenant. Les taxis et les autos envahissent le bitume, les bruits de la ville se réveillent, les groupes de passants se mettent en branle dans les rues, les rideaux de fer des magasins s'ouvrent comme des paupières. La vie et ses plaisirs reprennent leur ryhme, jusqu'au bout de la nuit, avec des magasins bondés ouverts jusqu'à minuit, dans une ambiance de fête et de consommation effrenée. Pour les non musulmans, le mois du Ramadan est une période particulière. Il est préférable ne pas programmer une visite touristique durant le mois Sacré qui plonge le pays dans une torpeur générale. Beaucoup de restaurants sont fermés par exemple et imposent à leurs salariés de partir en congés. Dans les derniers jours du Ramadan, l'irrascibilité des conducteurs est une donnée à prendre en compte dans une ville comme Casablanca déjà sous pression en temps normal. La nutrition de l'âme Si le Ramadan est une tradition religieuse incontournable et acceptée en général, les trente jours de jeûne perturbent le métabolisme des individus et leur biorythme. "Je fais le Ramadan par conviction religieuse, pour les effets purificateurs du jeûne" affirme Nadia, secrétaire âgée de 35 ans, travaillant à Casablanca. "Le plus difficile ce sont les premiers jours, à cause des maux de têtes. Et les dix derniers jours. Jeûner est une bonne chose pour le corps. Le jeûne place l'alimentation au second plan de l'existence pour se prouver que penser à manger n'est pas le plus important dans la vie". Le Ramadan signifierait étymologiquement «brûler», parce que ce mois est l’occasion pour les musulmans de se faire pardonner les péchés qu’ils ont commis. L’asthénie et la faim éprouvées durant la journée sont compensées par "la nutrition de l’âme" faite par le truchement d’actes d’adoration (prières et invocations). Mais cette tradition religieuse tend aujourd'hui à plus se fêter qu'à se célébrer. Certains parlent alors de culture islamiste plus que de religion. Quant à un jeûne qui "brûlerait" les graisses, que néni.... Le Ramadan donne lieu à de grands raouts familiaux, avec des dîners copieux et caloriques. La succulente et sucrée pâtisserie marocaine couvre toutes les tablées du Royaume en fête. Il est courant de prendre du poids durant le Ramadan chez les musulmans trop gourmands. Didier BOUVILLE (www.lepetitjournal.com - Casablanca) vendredi 14 septembre 2007 |