Des caribous au pays du couscous

Définition - Medina


Bréve histoire des Médinas

Le Maroc possède au début du XXème siècle un important réseau urbain constitué de plus de 30 médinas abritant 8% de la population marocaine. Ces médinas - ces villes - présentaient en même temps une grande homogénéité et des différences notables.

Les principaux caractères communs étaient constitués par :
• Une muraille d'enceinte.
• Un centre occupé par la mosquée principale et par un réseau de commerces organisé en séquences spécialisées.
• Une voirie primaire radioconcentrique et à caractère commercial reliant le centre aux principales portes de la ville.
• Des quartiers réservés à l'habitat organisés selon des schémas en arbres (ramification d'impasses) et disposant à leur entrée des principaux équipements de la vie sociale (four, hammam, mosquée, commerces quotidiens).
• Un tissu dense obtenu par la juxtaposition d'un module : la maison traditionnelle éclairée et aérée sur un patio central permettant des mitoyennetés sur 3 et parfois 4 faces.

La 2ème partie du XXème siècle va se caractériser par des phénomènes inédits. Les citadins aisés quittent les tissus anciens et sont remplacés par des populations rurales souvent démunies. Tous les espaces libres intra muros sont lotis et bâtis. Les densités à l'hectare s'élèvent de 450 000 au début du siècle, les médinas passent à 1,6 millions d'habitants en 1994. La maison traditionnelle, occupée désormais par plusieurs familles est découpée et surélevée, selon des techniques sans rapport avec les traditions constructives locales. Mal entretenus, les bâtis se dégradent. La concentration de population rend les équipements et les services urbains insuffisants. Les médinas gardent cependant un rôle économique important. Elles deviennent des centres spécialisés pour l'artisanat traditionnel et pour certaines formes de commerce et de service.

A Fès, l'ADER (Agence de Dédensification et de Réhabilitation) a mis au point et démarré l'exécution d'un programme multiforme soutenu par la Banque mondiale et comprenant notamment une aide à la réparation/réhabilitation de logements en mauvais état, et des efforts pour l'amélioration de l'environnement et du paysage urbain. Les actions de l'état sont relayées par celles de la société civile. Des mécènes participent à la restauration de monuments et les associations pour la sauvegarde du patrimoine se multiplient et font entendre leur voix parfois avec succès.

L'intérêt de la communauté internationale se renforce. Trois médinas sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial au cours des 10 dernières années, et de nombreux financements internationaux participent à la remise en état de bâtiments ou d'équipements présentant un intérêt pour l'histoire du pays.

Mais tous ces efforts ne sont que partiellement satisfaisants, d'autant qu'est apparu depuis une dizaine d'années un phénomène nouveau : celui de l'intrusion de l'hébergement touristique à l'intérieur du tissu ancien. Amorcé à Marrakech par la transformation, parfois intempestive, de maisons traditionnelles en maisons d'hôtes pour touristes aisés, le processus semble s'étendre à d'autres médinas (Essaouira, Chefchaouen).

Aujourd'hui, insalubrité, vétusté, dégradation d'un côté, occupation du tissu ancien par le tourisme et valorisation par l'inscription sur la liste du patrimoine mondial par ailleurs rendent l'action urgente. Il faut tout à la fois sauvegarder les médinas dans la plénitude de leurs fonctions traditionnelles (habitat, artisanat, commerce) et en faire un argument essentiel pour le tourisme. Leur réhabilitation (non pas des seuls monuments mais de la totalité des tissus) va donc devenir essentielle au cours des prochaines années.



23/05/2008
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